
Les Nations unies, l’OTAN et l’Union européenne ont appelé au calme en Macédoine après les violents combats qui ont opposé la police et un groupe armé durant le week-end, faisant au moins 22 morts, huit policiers et quatorze membres du « groupe terroriste », selon la formule des autorités. Dès lundi 11 mai, trente personnes – dont 18 Kosovars – , toutes d’origine albanaise selon la police, ont été inculpées pour « terrorisme » et pour avoir « mis en danger l’ordre constitutionnel et la sécurité ».
- Que s’est-il passé ?
Le 9 mai à Kumanovo, au nord de la Macédoine proche de la frontière avec le Kosovo, des échanges de tirs éclatent entre un groupe mystérieux et la police.
Les rues de la ville deviennent le théâtre d’une véritable guérilla urbaine. Les assaillants, qui étaient cachés dans la ville en préparation d’une attaque, se sont retranchés dans un quartier à majorité albanaise musulmane où ils sont encerclés par des troupes d’élite macédoniennes, des blindés et des policiers lourdement armés.
Des tirs sporadiques continuent de retentir jusque dans l’après-midi de dimanche. L’armée annonce dans la soirée que le groupe armé est neutralisé. Bilan : 22 morts, 8 policiers et 14 assaillants. Trente-sept policiers ont également été blessés.

Lundi, les habitants qui avaient fui le quartier ont découvert un paysage de désolation, témoin de la violence des combats : maisons détruites, façades calcinées ou criblées de balles. Les lieux étaient toujours bouclé par des troupes d’élite. Deux jours de deuil national ont été décrétés, jusqu’au 12 mai.
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- Des assaillants « venant d’un pays voisin »
Dès samedi, le groupe, présenté comme « l’un des plus dangereux groupes terroristes de la région », est identifié par la police comme « venant d’un pays voisin ». Dès le début des violences, des soupçons se portent sur des Albanais, minorité qui représente un quart de la population macédonienne et qui est majoritaire au Kosovo.
Cette piste se confirme par la suite : la police affirme que cinq des leaders, tous abattus, étaient des ressortissants albanais du Kosovo tandis que le parquet annonce, lundi, que, parmi les 30 personnes inculpées pour cette attaque, 18 sont originaires du Kosovo. Les autorités kosovares se sont désolidarisées des violences, condamnant « toute implication » de ses citoyens dans les attaques.

- Pourquoi la situation est préoccupante ?
Ces attaques ont réveillé le douloureux souvenir d’un conflit similaire qui, en 2001, avait opposé pendant six mois les forces armées aux rebelles albanais réclamant davantage de droits au sein de la société macédonienne. Les tensions sont, depuis, restées vives entre Slaves et Albanais dans le pays : le 21 avril, un groupe armé d’Albanais venus du Kosovo avait déjà brièvement pris possession d’un petit commissariat de police à la frontière nord de la Macédoine, réclamant la création d’un État albanais sur le territoire de cette ex-république yougoslave.
Pour Skopje, ces troubles sont une épine supplémentaire dans le pied du gouvernement alors que le pays traverse une grave crise politique. Le gouvernement du nationaliste Nikola Gruevski est, depuis plusieurs mois, accusé par l’opposition de gauche de corruption et d’avoir mis sur écoute 20 000 personnes, dont des hommes politiques, des journalistes et des chefs religieux. Une instabilité qui n’a rien pour rassurer l’Union européenne et l’OTAN auxquelles la Macédoine espère depuis dix ans adhérer.
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